Jean-Martin Charcot
Jean-Martin Charcot, né à Paris le 29 novembre 1825 et mort à Montsauche-les-Settons le 16 août 1893, est un clinicien et neurologue français, professeur d'anatomie pathologique, titulaire de la chaire des maladies du système nerveux, membre de l'Académie de médecine (1873) et de l'Académie des sciences (1883). Il est le fondateur avec Guillaume Duchenne de la neurologie moderne et l'un des plus grands cliniciens français. Il est le précurseur de la psychopathologie.
Il est également connu comme chef de file de l'École de la Salpêtrière pour ses travaux sur l'hypnose et l'hystérie dont Freud s'est inspiré pour fonder la psychanalyse.
Issu d'un milieu modeste – son père Martin Charcot est charron–, Jean-Martin Charcot grandit avec ses trois frères : Martin II, Émile (1830-1899) – qui fera carrière dans l'intendance des Armées, et Eugène – marin, qui s'engagera par la suite dans les spahis Sénégalais (mort en 1869, lors d'une mission).
Jean-Martin Charcot n'a pas laissé d'écrit biographique, et ce que l'on connaît de ses origines repose essentiellement sur ses travaux et le témoignage de ses collègues.
Parvenu par ses propres talents à suivre des études, et avec le soutien de son père, Jean-Martin réussit en 1848 le concours de l'internat des hôpitaux de Paris et finit son cursus à l'Hôpital de la Salpêtrière. Il soutient sa thèse, consacrée à la goutte et aux maladies inflammatoires, en 1853. Il est nommé alors chef de clinique et commence à se constituer une clientèle privée dans son cabinet de la rue Lafitte. En 1856, il passe avec succès le concours de médecin des hôpitaux, et il est reçu à l'agrégation à sa deuxième tentative en 1860.
Charcot commence alors à enseigner l'anatomie pathologique à l'université de Paris et, en 1862, il est nommé à la Salpêtrière, où il s'occupe d'un secteur de deux cents lits de grands infirmes et incurables.
Il se marie en 1864 avec une veuve fortunée, Augustine-Victoire Durvis, née Laurent-Richard, avec qui il aura deux enfants, Jeanne (1865-1940) et Jean-Baptiste Charcot, le célèbre explorateur. En 1868, il décrit la sclérose en plaques, avec son collègue et ami Alfred Vulpian et, l'année suivante, la sclérose latérale amyotrophique, une maladie dégénérative, à laquelle son nom restera attaché. Il effectue de nombreux travaux sur les affections de la moelle épinière, la sclérose en plaque, les atteintes de la syphilis (tabès), qui lui valent une renommée croissante. Il obtient la chaire d'anatomie pathologique en 1872. En 1873, il devient membre de l'Académie de médecine. À partir de 1878, il aborde l'étude des processus mentaux en étudiant l'hystérie, utilisant notamment l'hypnose comme mode d'étude.
Dès 1866, il donne ses « Leçons », qu'il ouvre au public à partir de 1879. Il y parle de sujets médicaux divers. En 1882, débutent ses « Leçons du mardi matin », qui contribueront à sa célébrité, exposant les cas cliniques de ses patients qu'il examine devant eux (c'est le sujet d'un tableau bien connu d'André Brouillet). On en retrouve une trace importante dans son ouvrage en trois volumes Leçons sur les maladies du système nerveux faites à la Salpêtrière (publiés de 1885 à 1887).
En 1882, la première chaire mondiale de neurologie est créée pour lui, et il crée une école de neurologie à la Salpêtrière. Il met en évidence le rapport entre les lésions de certaines parties du cerveau et les atteintes motrices.
Sigmund Freud est son élève d'octobre 1885 à février 1886. Il suit ses cours avec passion, le rencontre et obtient même le droit de traduire en allemand certains de ses travaux. Parmi ses élèves et collaborateurs, on compte également Joseph Babinski, Georges Gilles de La Tourette, Benjamin Ball, Gilbert Ballet, Eugen Bleuler, Valentin Magnan, Albert Pitres, Charles Féré, Nicolas Dahl, Alfred Binet, Paul Richer et Pierre Janet.
Charcot souffre d'une insuffisance coronarienne chronique sévère. Il meurt subitement d'un œdème du poumon dans une auberge près du lac des Settons (Nièvre). Il est inhumé dans le caveau familial, au cimetière de Montmartre.
Son fils Jean-Baptiste Charcot (1867-1936), médecin également, est explorateur et auteur de travaux océanographiques dans les régions polaires.