Jacques Benveniste
Jacques Benveniste (12 mars 1935 - 3 octobre 2004), médecin et immunologiste français, connu du grand public pour avoir publié en 1988 des travaux de recherche sur la mémoire de l'eau donnant naissance à une controverse.
En 1951, il obtient un baccalauréat. De 1953 à 1960, il étudie la médecine à la faculté de Paris.
À partir de 1965, il travaille à l'Institut de recherche sur le cancer du CNRS, puis en parallèle devient chef de clinique à la faculté de médecine de 1967 à 1969. Il exerce alors à la Scripps Clinic & Research Foundation en Californie.
Il atteint la notoriété en 1971 par la découverte d'un facteur activateur des plaquettes sanguines, le PAF-Acether.
En 1973, il est à l'emploi de l'INSERM où il poursuivra le reste de sa carrière. Il y dirigera plusieurs unités de recherche. Il est le conseiller de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche, de 1981 à 1983.
Jacques Benveniste décède à l'âge de 69 ans lors d'une opération du cœur, le dimanche 3 octobre 2004.
Pour Éric Favereau de Libération : « Jacques Benveniste restera l’homme d’une polémique dans laquelle il aura tout gagné et tout perdu. Jacques Benveniste n’avait pas toujours été un chercheur à part. Jusqu’à sa découverte contestée, il avait été l’un des scientifiques français les plus publiés en immunologie, sa spécialité de départ, et les plus appréciés. En 1971, sa découverte d’un facteur activateur des plaquettes sanguines l’avait même placé dans tous les manuels de médecine ainsi que sur la liste des nobélisables. »
Pour le grand public, le nom du chercheur reste attaché à ses expériences réalisées dès 1984, alors qu'il était sous contrat avec les laboratoires d'homéopathie Boiron sur ce qui a été appelé la « mémoire de l'eau ». Le chercheur et son équipe affirment en 1988 être parvenus à activer la dégranulation de basophiles avec des hautes dilutions d'anticorps IgE. La réponse biologique observée est interprétée par Benveniste et son équipe comme la démonstration que l'eau avait conservé les propriétés d'une substance qui ne s'y trouvait plus. Ce résultat pouvait être vu, entre autres, comme validant partiellement le modèle de la dilution en homéopathie.
Cette publication déclenche de fortes réactions dans la communauté scientifique internationale. Malgré la qualité de ses découvertes antérieures, Jacques Benveniste, qui refuse de chercher à confirmer sa théorie en utilisant un autre étalon que cette réaction de dégranulation des basophiles, finit par être discrédité comme chercheur auprès d'une partie de la communauté scientifique. Il doit quitter l'INSERM en 1995, à 60 ans, mais n'abandonne pas son métier de chercheur en continuant ses recherches dans le cadre de la société Digibio qu'il a créée en 1997.
En 1991 et 1998, à Jacques Benveniste est attribué le prix parodique Ig Nobel de chimie pour son affirmation que l'eau a une mémoire et que ses propriétés pouvaient être transmises par des vecteurs ondulatoires appropriés et notamment via le téléphone et Internet.
Un livre posthume, paru en 2005, éclaire sa vision de ses travaux, notamment leurs aspects méconnus (la « biologie numérique »), et expose ce qu'il considère comme des travers du milieu de la recherche. Le laboratoire créé par Jacques Benveniste a poursuivi ses travaux après sa mort.
Le 27 octobre 2007, lors de la conférence de Lugano, en Suisse, le professeur Luc Montagnier, Prix Nobel de médecine 2008, a publiquement déclaré avoir constaté lors de ses travaux sur le VIH des phénomènes décrits par Jacques Benveniste.
Luc Montagnier a écrit en février 2008 dans son livre Les combats de la vie publié chez Lattès : « La biologie moléculaire […] a atteint des limites et elle n'explique pas tout. Certains phénomènes, comme l'homéopathie, restent mystérieux. Je fais allusion à certaines idées de Jacques Benveniste (le scientifique qui a inventé la « mémoire de l'eau ») car j'ai récemment rencontré des phénomènes que seules ses théories semblent pouvoir expliquer. Je pars d'observations, pas de croyances. Certaines choses nous échappent encore, mais je suis convaincu qu'on saura les expliquer de la manière la plus rigoureuse. Encore faut-il pouvoir mener des recherches à ce sujet ! Si l'on commence par nier l'existence de ces phénomènes, il ne se passera rien. ».